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Le Livre du Mois : Heureux soit ton nom, de Sotiris Dimitriou

Pour commencer un petit commentaire sur l’auteur ; Sotiris Dimitriou est un auteur venu du Nord de la Grèce, né à Épitre en 1955.

  1. Il a travaillé toute son adolescence et quelques années d’adulte comme chef d’une équipe de balayeurs dans les rues d’Athènes ; c’est dire qu’il est autodidacte.

    Son destin a basculé lors de la parution de son premier livre, depuis il en a rédigé une bonne douzaine.

     

    Heureux soit ton nom, c’est l’histoire de deux sœurs prises et tiraillées par l’Histoire la Grande, puis aussi la petite histoire, celle qui reflète la vie de tous les jours et les projections de la Grande Histoire, sur la mentalité aussi du pays, en l’occurrence l’Albanie.

     

    Ce livre est servi par l’admirable travail de traduction de Marie-Cécile Fauvin qui ici a fait un travail remarquable essayant de reconstituer le parler local avec sa rudesse en français – pas évident, langue plutôt dite savante – en ayant recours à des équivalences en vieux français (et cela fonctionne).

     

    On y voit et entend, surtout on le lit à haute voix, une langue dialectale, servie d’une grande pudeur et la beauté et la nécessité de faire résistance pour faire vivre, survivre cette langue comme un témoignage primordial d’un monde qui s’échappe, c’est aussi grâce à cette traduction que l’on est amené à faire inventaire de mots oubliés de la langue française et qui donne existence et beauté à ce texte rude.

    Juste quelques impressions de lecture :

    jargner en plus  – le temps broussailleux – ébravayer les chiens. Ribouté des yeux – un soleil rentrant – tamiser une pluie fine – ributé des yeux – etc 

     

    Beaucoup de métaphores de la vie paysanne fleurissent dans ce récit, c’est un bonheur de le lire.

    C’est un livre que je recommande vivement pour appréhender la culture de ce petit pays.

     

    L’illustration du mois :  la photo de Newsha Tavakolian

     

    Pour commenter l’illustration qui accompagne l’article de Mitra Kerven, il faut avoir en tête que cet artiste – photo journaliste, selon son expression – membre de l’agence Magnum depuis 2010, lauréate de plusieurs prix recherche de témoigner par ses photos d’actualité une certaine poétique.

     

    Elle dit de son travail : j’ai appris à dire sans rien dire, je pense transmettre à travers mes photos un moment d’ambiguïté.

    De son propre aveu, elle dit qu’il lui a fallu beaucoup d’adresse et de travail pour y être arrivée

     

    Là, la photo extraite d’une série titrée : Protest Portraits, montre une Iranienne qui pose comme brasier incandescent, mais qui est aussi dévorée par les flammes qui voudraient la faire taire, c’est du moins l’interprétation que je traduis dans une vision occidentale.

    Voici pour la partie graphique.

     

    L’article de Mirta Keyvan, journaliste-essayiste : les Iraniennes allument un brasier social veut témoigner des multiples manifestations nées dans plusieurs villes iraniennes,

    Un bref résumé de celui-ci : l’écrit reflète la révolte contre le port obligatoire du voile, un soulèvement qui ébranle le République Islamique, fondements même du régime sont attaquées surtout par la police dite de moralité, mais aussi la vie chère et la corruption.

     

    Cet article va au-delà de la simple évocation   – et le mot est faible et presque imprudent de ma part sur la question du voile – il est fait part de la situation politique et tout cela fait partie de la colère des Iraniennes et iraniens genre confondus (un habitant sur dix n’aurait rien à manger).

    Ce qu’il y a de particulier sensible et que semble souligner cet article, c’est l’étendue géographique des manifestations débordant même sur le Kurdistan et le Balochistan.

     

    L’Encadré de l’article en bas de pages qui titre 100 ans de combat témoigne tout d’abord du pouvoir monarchique suivi du pouvoir religieux.

    Mais on a l’impression que l’affaire du voile est une sorte de couverture pour obliger les opposants au régime de s’engouffrer dans cette revendication au détriment des autres revendications plus financières et sociales

     

    Comme nous sommes dans un Café Diplo-Philo, il est plus difficile de commenter la teneur d’un article, je veux dire par là qu’un texte issu du Monde Diplomatique à la rigueur de l’analyse politique ou économique du moment, et qu’une analyse philosophique quelquefois n’est pas justifiée à l’aube de confrontation entre culture différente.

     

    Je résume comme cela, c’est que le jour où j’ai lu attentivement ce texte, je lisais un autre texte sur les pensées de Pascal qui disait en substance : Tout le malheur des hommes vient d’une autre chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.

     

    Or le repos est ici négatif, si on se divertit en regardant ce qui se passe en Iran comme un chose qui ne nous regarde pas – nous avons tort, l’Iran fait partie de la communauté humaine – de la chambre commune.

    A vous de continuer ma brève analyse…

     

    Qui veut donner sa petite pierre à contrer un système oppresseur et ne pas céder à la honte du repos qui ne veut pas dire l’immobilité du silence, une phrase que Nietzsche dans son fameux Zarathoustra qui opposait le temps sans but au temps qui a un but, celui de ne point oublier et que la lutte n’est jamais terminée pour l’Iran.

     

    Voici en bribes de phrases ce qui ressort du débat fort animé, enrichissant des protagonistes plus clairsemés que d’habitude   – la philosophie du ballon rond hésitant dans le but voulant ou pas entrer … étant la plus forte   –

    Ceux qui étaient là qu’ils en soient remerciés.

     

    Une des participantes d’origine iranienne est remontée à l’origine de l’enseignement des choses et cette remontée dans le temps a permis de jauger l’importance de la Perse (Iran) dans l’histoire de l’humanité.

     

    Je résume fort brièvement :

    Tout d’abord on n’enseigne pas l’histoire de l’Iran, au Collège de France, la Mecque du Savoir on enseigne la civilisation grecque, ensuite la civilisation de décalcomanie qu’est la Romaine, ensuite l’histoire religieuse du continent européen, l’Iran c’est à dire la Perse est ignorée.

    Une civilisation mille fois plus en avance qui pendant plusieurs siècles a donné à cultiver l’humanité.

     

    Et ensuite il y a eu croisement de réflexions et autre intervention, le débat fut intéressant et fort passionnant. Il est dur de résumer l’échange mais il fut source de questionnement et de réflexions.

     

    En Amérique, c’est pire l’histoire est anglaise, donc une histoire construite sur un empire construit et volé aux autres.

    L’Iran pays de pétrole a intéressé l’Amérique très tôt en installant une monarchie à la botte de Washington, puis en bombardant un vieillard d’apparence sénile Khomeiny qui se révéla moins pragmatique que prévu.

     

    Les Américains se trompant chaque fois sur les alliés qu’ils se choisissent ou alors la duplicité des Américains, finalement l’un et l’autre, naïveté et affairisme allant de concert.

     

    L’analyse se scinda en deux camps de pensées différentes, une partie convaincue (à juste titre) de la responsabilité des Américains et celle de l’irresponsabilité européenne (à juste titre) d’autant plus que celle – ci aveuglée par l’ineffable Giscard d’Estaing, marionnette américaine qui lui-même s’est servilement rangé du côté du vieillard de Neauphle le Château, Khomeiny pour renverser le Chah et ce fut le début de la première théocratie – dictature du monde.

     

    Nous nous sommes tous séparés en nous souhaitant une bonne paix pour l’année à venir, vœux pieux.


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