page contents

Roman philo Tome 1

Prologue

Un texte… une façon d’être un dealer avec ses mots, ses phrases mélangés avec les miens…

Un texte presque oxymore…

La vérité est presque une fiction

Ce roman en cours d’écriture
et à raison de chaque mois sera réalimenter en vous livrant la suite

Elle m’a dit avec un sourire mi-ironique – mi tendresse, « me voilà devenue un personnage de fiction, tu vas produire du beau à partir de moi… »

J’espère… et sur la base de ses écrits, sur la base des échanges entre elle et moi, sur la base des Café Philo qu’elle animait avec passion avec le soussigné, elle est devenue personnage de sa fiction et des centres d’intérêts appréhendés, complice de ses compagnons de route que sont les Philosophes…

« Philosopher avec le temps d’étudier la sagesse »,
disait-elle…
« la vieillesse c’est le temps de la pratiquer »,
disait aussi l’ami Jean Jacques.

Elle a été vieille par l’âge, mais restée éternellement jeune dans son esprit

Sa chanson fétiche Bailler et Dormir faisait l’apologie du plaisir d’exister et de la volupté de paresser 

Claude Claverie dit Cocavi,

compagne de Denis Gardon,

n’étant plus,

(disparue volontairement le 24 août 2021

en ayant recours à Exit – suicide assisté…

elle était atteinte d’un cancer irrémédiable au pancréas)

elle est devenue personnage de son histoire vécue, revenue de l’illusion de vivre pour l’illusion de la fiction

Prologue

Septembre 2022

Elle m’a dit avec un sourire mi-ironique – mi tendresse, « me voilà devenue un personnage de fiction, tu vas produire du beau à partir de moi… »

Épisode 1

Septembre 2022

Cocavi et Denis étaient fin prêts, préparés à être intelligents l’espace du moment.

Episode 2

Octobre 2022

Le propos était bien conçu, pédagogique, voire persuasif… Le goût d’une maîtresse d’école avec des convictions bien ancrées, en tout cas moins coquette que l’autre…

Épisode 3

Novembre 2022

Il disait fanfaron de lui – même qu’il avait une obligation intérieure non argumentaire à n’obéir à aucun jugement mais à une vérité de la chose…

La Pause

Décembre 2022

Et, mon cher tu oublies le sens de la propreté cela c’est aussi la Suisse lança une voix dans l’assistance…

Épisode 4

Janvier 2023

A qui ais-je l’honneur fis-je, fort opportunément pour permettre au lecteur de situer l’identité du Monsieur en question.

Episode 1

Elle écrivait alors…

C’était une soirée d’hiver froide et banale.

Les quelques flocons qui tombaient sur Genève se dépêchaient de fondre pour échapper à la tristesse ambiante des rues désertes.

Dans la rue Jean Violette, le Café Jules Verne, telle une auberge providentielle sur les pas du voyageur fourbu, laissant filtrer à travers de ses vitres colorées la lumière d’un possible réconfort.

Un petit groupe d’habitués ne s’y trompait pas puisque c’est là qu’ils venaient réchauffer leur âme réfrigérée en se serrant les uns contre les autres autour d’une table d’hôte.

Il était l’heure.

L’heure d’ouvrir un débat. L’heure de se confronter. L’heure d’exister. L’heure de philosopher.

Cocavi et Denis étaient fin prêts, préparés à être intelligents l’espace du moment.

La petite assemblée retenait son souffle, elle n’était pas là !

Pourtant la nouvelle de sa venue s’était répandue comme une traînée de poudre.

Peut-être retardait-elle son apparition pour mieux la réussir ?

Effectivement, un frémissement parcouru bientôt l’assemblée : Elle entrait en scène, digne, le port altier, le visage serein, ses jolis yeux de poupée de porcelaine étaient mis en valeur par un maquillage délicat. La peau diaphane de sa gorge ne laissait personne insensible : invitation à caresse furtive ou à étreinte assassine ?

Dans sa grande robe de comédienne, elle avait choisi un costume chic et sans ostentation malgré les pailletas, un ensemble style Champel, (le Neuilly genevois) de bon aloi.

A ses admirateurs en quête d’un signe de sa part, elle octroyait avec parcimonie quelques marques de bienveillance discrète.

La séance pouvait commencer.

A l’instar du joueur de pétanque lançant le cochonnet pour ouvrir la partie, un courageux volontaire fit rouler sur la table un sujet genre auberge espagnole qui allait permettre de merveilleux carambolages oratoires

Catastrophe ! Les convives s’observant avec circonspection en attendant mutuellement leurs premiers faux pas avec gourmandise, se tenaient cois en laissant stupidement ouverte la fenêtre où s’engouffra naturellement l’ange qui passa. La situation paraissait sans issue, s’en suivit alors un véritable feu d’artifice verbal : de la démonstration implacable et définitive à l’argutie sournoise en passant par la contorsion dialectique, ce n’étaient que festons, ce n’étaient qu’astragales. L’excitation était à son comble. C’était à qui ferait reluire son ego de la plus belle façon.

Soudain Elle demanda la parole.

Le temps suspendit son vol. Les participants se figèrent, attentifs et curieux. Une douce mélopée sortit alors de sa bouche les mots s’ordonnaient, mesurés et soigneusement assemblés. Puis ils se désordonnaient dans une savante graduation, la voix prenait possession de toute sa tessiture, le rythme s’accélérait et la rhétorique s’emballait en volutes incandescentes. C’était un festival de circonvolutions, d’anacoluthes et d’oxymores.

L’auditoire était subjugué. Certains comprirent qu’ils n’avaient pas compris en raison de leurs limites, d’autres ne voulurent pas comprendre pour ne pas risquer de rompre le charme, enfin les derniers comprirent ce qu’ils voulaient bien comprendre et soit exultaient, soit ne demandaient qu’à croiser le fer avec elle.

Des rancœurs sourdaient çà et là et le préposé à la modération des esprits, bien qu’habile automédon, avait beaucoup de mal à tenir les rennes de l’attelage, rappelons néanmoins que le vocable automédon ne s’emploie qu’en plaisanterie.

On approchait de la fin. Serait-ce le bouquet final qui ferait joliment retomber les mots en cascades lumineuses et conviviales? Ou serait-ce l’explosion dévastatrice des polémiques laissant les âmes meurtries à son encontre n’allaient pas tarder.

Elle se tenait sur ses gardes, les attaques à son encontre n’allaient pas tarder. Effectivement, une voix claire et posée devait bientôt s’élever pour s’opposer à elle.

 

Episode 2

L’offensive était d’autant plus redoutable qu’elle provenait d’une rivale au charme indéniable et dont les bagages témoignaient d’une excellente extraction.

 

Le propos était bien conçu, pédagogique, voire persuasif… Le goût d’une maîtresse d’école avec des convictions bien ancrées, en tout cas moins coquette que l’autre…

 

L’argumentation ne laissait aucune place à l’approximatif ni à l’à peu-près… Courageusement, elle fit front sans se démonter.

Elle savait qu’en utilisant la même tactique que son interlocutrice savoir des tirs directs et précis, ses chances de succès étaient minces

Elle sait impitoyablement faire la mise en pièces.

 

Aussi, avec intelligence, envoya-t-elle plusieurs fumigènes accompagnés de projectiles à fragmentation déconcertante. Une terrible joute oratoire s’entamait.

 

0n disait d’elle qu’elle s’appelait en réalité Marguerite Dubreuil ou je ne sais quoi d’approchant, quelquefois dans le feu de l’action verbale il arrivait que l’on l’interpelle en disant Marguerite Duras, elle en riait….

 

Mais se sentait vexée de ne pouvoir exister en tant que Marguerite Dubreuil… mais en tout cas elle avait le côté bougon et bourru de la Duras et l’habitude de parler en ellipses… et le goût du jeu, elle était férue de bridge…

 

Ce jeu au même titre que le bridge dentaire lui donnait position des remontrances entre ses dents.

 

Une partie de l’auditoire se délectait avec perversité en lançant des encouragements insidieux aux deux championnes. Le combat montait en puissance, les protagonistes ne reculaient pas d’un pouce que cela pouvait durer toute la nuit.

 

Il était temps que le Modérateur Denis siffle la fin du combat malgré les demain Ce fut fait et le calme revint.

 

Un calme relatif et contraint qui laissait un goût d’amertume dans la bouche

Tout avait été dit mais rien n’avait été démontré

Tout s’était exprimés mais nul n’avait entendu.

Chacun était resté l’étranger de l’autre.

 

Peut- être une assemblée de carpes et de lapins aurait–elles mieux fait ?

 

Étourdies par l’intensité du duel, dépitées de n’avoir pu faire rendre gorge à son adversaire, humiliées par les regards sarcastiques des uns et indifférence feinte des autres, elles décidèrent de disparaître dans la nuit froide.

 

En les privant de leur présence, elles infligèrent toutefois une punition injuste et sévère au petit lot d’admirateurs qui restaient gré tout fidèle aux fidèles.

 

Aussi le repas fut empreint d’une infinie tristesse. Elles n’étaient pas là ! Elle dont les mille facettes savaient si bien faire briller les idées. Elles dont le charme subtil envoûtait celui qui voulait bien s’abandonner. Elles, mirage aussi philosophes inaccessibles, là-bas, tout au bout du désert.

 

La soirée s’achevait.

Chacun allait retourner vers la banalité de son quotidien, conscient qu’il n’avait vécu qu’un moment de futilité.

 

Mais cette futilité-là, finalement n’était- elle pas bénéfique ?

 

Ne faisaient-elles pas partie des épices qui, Dieu sait par quel phénomène culinaire, étaient capables de relever le goût de leur vie ?

 

Ah ! J’oubliais les deux championnes en question se nommaient Mlle Muerte, la coquette, l’autre s’appelait Mlle La Vida, éternelles rivales, elles avaient fait le pari du bonheur. La vie étant un chaos et un désordre admirable

 

Cocavi et Denis étaient ravis, leurs deux championnes allaient s’étriper et maintenant elles étaient parties…

 

L’humour permet d’être compagne des vicissitudes du terrain.

 

La fiction des cafés Philo où chacun ou chacune s’attribue le droit de penser par l’intermédiaire d’un maître à dépenser les neurones, là on devient le brouillon d’un personnage de fiction qui lui relève du principe d’agitation et un café Philo sans agitations, sans prise de bec c’est comme adapter ses désirs à une collecte de rêves ancré dans une lucidité d’emprunt.

 

Le parcours assigné d’un personnage de fiction dans la fiction d’un café philo n’est pas péril pour lui.

 

Une hypothèse qui ne va pas de soi pour certains ou presque … on est là sans être là… ingurgitant ce qui peut être saisi digérer pour prétendre être un roseau pensant

Être ou ne pas être philoicide…

 

Ce jour – là celui qui était notre invité… avait la prétention de clamer qu’il était de trop haute naissance pour que l’on le possède instrument de quelque souverain de par le monde.

 

Pas gonflé le mec…

 

 

 

Episode 3

Il disait s’appeler Henry David Thoreau et il avait une arrogance de stature que l’on pouvait prendre pour de la suffisance mais surtout comme l’affirmation d’une confiance inébranlable en soi

 

 Chaque fois qu’il était parmi nous on savait qu’il était là, il se posait… on disait qu’il ressemblait à Jules César… un être ordinaire pas tout à fait ordinaire… un homme du dedans, non oublieux du dehors,  sa renommée le précédant on disait de lui que c’était le Rousseau américain.

 

Un écolo au café Philo et de plus américain… on aura tout vu… ce n’est pas parce qu’ils ont de grands espaces, que cela suffit d’être écolo marmonna marmoréenne Mademoiselle Vida

 

Le gars en question avait un long nez ; une bouche étrange ; des manières rustiques quoique courtoises, qui correspondaient très bien à son apparence extérieure mais avec une laideur quand même honnête et agréable, et qui lui seyait mieux que la beauté.

 

Il disait fanfaron de lui – même qu’il avait une obligation intérieure non argumentaire à n’obéir à aucun jugement mais à une vérité de la chose… une phrase passe partout qui ébranlait un peu la perception du reçu. Bref ce Thoreau-là avait une personnalité.

 

Quelqu’un dans l’assistance dit : Cette autonomie revendiquée n’est-elle pas celle de la Suisse… tous se regardèrent.

L’autre persista… Oui, c’est ce que la Suisse a essayé de mainmorte tout au cours de son histoire, des Helvètes jusqu’à nos jours, à travers la capacité de ses habitants, de ses sujets, à résister aux structures sociales et politiques totalitaires environnantes ?

 

On se regardèrent à nouveau… Qui est cet olibrius ?  Un Suisse paquet surprise, vraisemblablement.

 

Il insiste ma parole… il dit… Déjà ses ancêtres, les Helvètes, peuples certes guerriers, mais très cultivés, pas aussi barbares que les Romains le disaient, ces peuples venus du Nord, n’obéissaient pas à un Dieu transcendants mais immanent. Là se situe peut-être avec la différence avec leurs voisins…

 

Aïe, aïe, firent repetita l’assemblée, tu veux dire par voisins, les français, ce curieux peuple… qui tua un Roi pour être en majesté de Président… il faut être philosophiquement bâtard du raisonnement.

 

Mais lui sage continua : Ils avaient le goût de l’indépendance, un sens aigu de la responsabilité, un désir d’ailleurs plus fécond que leurs terres arides, mais un retour en sagesse à leurs terres d’origines après quelques pérégrinations. Ils développèrent un sens de l’accord entre force et subtilité pour fixer les limites en détail d’un contrat.

 

Ouais, ouais… firent à nouveau repetita l’assemblée… les votations… il est vrai que nos voisins ne connaissent pas l’efficacité d’un pareil contrat passé avec le peuple.

 

L’un savant déclara : que c’est tout au long des siècles le rôle très important de la diplomatie suisse pour ne pas rester isolée, car au centre d’un continent cette position géographique qui aurait pu l’étouffer ou lui infliger des tiraillements va développer chez ses habitants le goût de construire des réseaux en faisant confiance à ses peuples, à ses populations pourtant déjà très diversifiées mais sans l’ingéniosité.

 

Le réalisme et le goût de l’efficacité avec prudence tout en essayant de se faire aimer, apprécier.

 

Celui de l’assistance qui avait embranché la conversation sur la Suisse se leva et assena sa vérité.

Messieurs… avec muscle et intelligence on a essayé à de conjuguer le souhaitable avec le possible dans un esprit référendaire, consciente de sa petitesse, la Suisse en tirer sa valeur : un mieux-être en paix… et voilà fit la Vida.

 

La vie communautaire revendiquée va permettre de développer le goût du confort bourgeois même si, comme partout les différences entre bourgeois de souche et nouveau vont s’amplifier c’est ça la Suisse.

 

Les opprimeurs oppriment d’autres bourgeois moins bourgeois tandis que les ouvriers oppriment d’autres ouvriers en passe d’être bourgeois… c’est la perfection helvétique.

 

Ouais… l’église qui a pris le dessus, pendant un certain temps en tout cas jusqu’aux années cinquante, avec les franciscains et les dominicains, a perdu de son pouvoir fort heureusement ainsi que les seigneurs étrangers avoisinants, ruinés par les guerres.

 

Tandis que la chose publique est revendiquée dans les différentes communautés urbaines et rurales suisses

 

… et vous voyez, ma chère l’ouverture du Gothard a favorisé la stratégie commerciale des alliances avec l’extérieur et malgré la triste période de la peste, le schisme papal.et le tremblement de terre de Bâle, la pression des Habsbourg, la pugnacité des montagnards, des cantons a fait prendre consistance à la jeune Confédération toujours son allergie au pouvoir d’une seul, face au fonctionnement des États Européens qui obéissent aux diktats du grand Mons-arque autrichien…

 

Et, mon cher tu oublies le sens de la propreté cela c’est aussi la Suisse lança une voix dans l’assistance…

 

Beaucoup savaient qu’ils étaient en café philo, chercheurs de vérité, mais Lui, il savait qu’il était autre, il était tout simplement Sophos c’est à dire sage, un titre revendiqué, mais point sage par initiation, sage par les atomes que sa mère avait reçu en combinaison ou autre chose d’équivalent, en tout cas une combinaison qui ne peut que produire un sage, un sage divin en quelque sorte et surtout un sage français venu en touriste en Suisse.

 

Fort de cela, il planait au-dessus de l’assistance avec la possibilité d’être dans la possession de ses auditeurs, dès lors sage parmi les sages.

 

Il attendait que ceux de la ville voisine viennent lui rendre rémission mais attention, il fallait discipline d’allégeance on ne raisonne pas la même chose de chaque côté de la frontière, il y a des affinités qui sont des désaccords doctrinaux.

 

Cocavi elle savait qu’elle n’était point sage agréée puisque femme, mais surtout parce qu’elle décortiquait trop, il ne la supportait pas.

 

Il trouvait toujours ses interventions trop longues, elle était souvent rabrouée, lui, le Sage s’énervait quand elle prenait la parole, or le développement de sa pensée à elle était son charme et sa respiration.

 

Lui Denis c’est tout le contraire, c’est quand il se tait qu’il pense…

 

Ce jour-là, il avait été prévu d’écouter Thoreau et le thème prévu fut remplacé par la Suisse… Henry David partit mécontent.

Jean Paul lui se marrait… il attendait la pause pour intervenir après la…

La Pause

Nous étions tous sortis -enfin les fumeurs pour prendre l’air- car les non-fumeurs en sortant pour prendre l’air auraient été perturbés, la fumée aurait aussi pris l’air, vous comprenez   – les autres comme Françoise dit frifri-cotin était sortie pour prendre éventuelle commande pour montrer sa propre philosophie horizontale, elle faisait ceci à chaque café philo.

 

Charles Lutwidge Dodgson, plus connu sous le nom de Lewis Caroll, nullement philosophe mais mathématicien de la pensée qui passait par là, s’arrêta…

 

 … et toujours désireux de briller en société dit qu’en anglais le terme Wonder est à la fois la notion de merveille et d’autre part ce qui questionne, interroge, interpelle et qu’à ce titre…

 

…  Il se sentait aussi philosophe comme les adultes qui ne semblent pas l’être, comme les enfants qui semblent l’être sans le savoir, or le savoir c’est au premier degré quelque chose d’enchanteur comme l’est cette fable de Jean de la Fontaine revue et corrigée par ses soins :

 

Maître Corbeau sur un arbre perché

Faisait son nid entre des branches

Il avait relevé ses manches

Car il était très affairé

Maître Renard par-là passant

Lui dit… Descendez donc compère

Venez embrasser votre frère

Le Corbeau le reconnaissant

Lui répondit en son ramage

      FROMAGE

 

Or, qui dit fromage dit qu’éprouver en quelque sorte un dépit secret, s’impatienter, être extrêmement contrarié ; sans pouvoir faire éclater son mécontentement, cela est problématique…

et ou peut-on avoir la chance d’être sévèrement contrarié : 

dans un café philo

CQFD 

 

 

 

Assise devant sa tasse de thé, Cocavi se remémore ses premiers cafés philo…

La soirée s’annonce riche en rencontres et activités qu’elle aimerait partager avec d’autres, mais les autres ont d’autres priorités.

 

Elle pense :

Nous ne sommes pas faits pour l’éternité nous avons juste le temps de tenter de réparer nos ratés on se dit il n’est jamais trop tard pour œuvrer à aménager les contradictions nécessaires pour saisir le conciliable.

 

La vie n’est pas une forteresse, trouver ses erreurs et son humilité en affirmant sa personnalité et ses responsabilités en convivialité, voilà les perspectives normales entre mère et enfants, femme et homme, nous sommes à ne pas vilipender, à faire fructifier dans nos pensées.

 

Égoïste ou altruiste ? Ni l’une, ni l’autre, mais le goût des autres sans sacrifice…

Quel que soit notre emploi du temps, à un temps ou à quelque temps, il faut vivre avec le temps emprisonné dans le sablier, ce temps n’est pas approprié, ce n’est pas son temps, le temps de rendre son tablier de femme, de mère, en 2 ou 3 mouvements, on court après le temps qui vous jette son temps à tout bout de champ.

 

Réapprendre prendre son temps, avec la pluie des ans, c’est ce qu’elle tente et cherche maintenant sereinement à la pendule du temps : rester debout, quelque que soit les avenants. Dénoncer l’informe du temps d’avant et résister.

 

Elle en était là de ses réflexions solitaires quand Sganarelle tenant en ses mains une tabatière surgit se trompant manifestement de lieu scénique apostropha tout ce beau monde de fumeurs : en agitant les bras, histoire de disperser la fumée.

 

… Quoi que puisse dire Aristote et toute la Philosophie, il n’est rien d’égal au tabac, c’est la passion des honnêtes gens et qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre…

 

Elle se dit :   Que vient faire ici Sganarellle… il va débiter que le tabac inspire des sentiments d’honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent… la pause est faite pour cela… puis quand tout sera fini il réclamera ses gages… tout n’est pas prévisible – quand même.

 

... Non seulement, il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu et l’on apprend avec lui à devenir honnête homme.

 

… que disais-je… rentrons …fini la recréation.

 

 

FIN DE LA PAUSE

 

 

Frifi-cotin est partie avec un vertical prêt à se complaire dans sa

belle horizontalité

 

 –

 

Episode 4

Jean Paul qui s’était invité lui-même trônait à la place de Cocavi et prit le premier la parole de peur d’être interrompu, Cocavi n’eut comme seule ressource que de se transformée en membre du public, elle nota néanmoins qu’il n’était guère galant.

 

Il dit : Il n’y a pas de héros nés, pas plus qu’il n’y a de lâches nés.

 

Tout le monde se regardèrent… voilà que Jean Paul non content, de lui-même ce qui n’était pas nouveau, se gargarisait d’une phrase à l’envolée définitive.

 

Oui à l’opposé de mon camarade Platon, je défends l’idée que l’on est libre d’accomplir nos actes, de choisir et de s’engager… Nous ne sommes pas naturellement courageux… Ce que les gens veulent c’est que l’on naisse lâche ou héros… Or, il y a toujours une possibilité pour le lâche de ne plus être lâche et pour le héros de cesser d’être un héros.

 

Pris à partie, le camarade Platon en question répliqua :

 

C’est parce que c’est une partie de la vertu que nous envisageons le courage… mais voilà peut-on choisir d’agir selon nos vertus, non, car la vertu n’est point naturelle à l’homme, elle ne peut s’apprendre, mais elle arrive par une influence directe divine à ceux en qui elle se rencontre ….

 

Oui, lui répondit Jean Paul mais nous sommes une liberté qui choisit… mais nous ne choisissons pas d’être libres.

 

On était parti pour tourner en rond la liberté rondin et picotin ou alors le jeu du mouchoir.

 

Je voyais Cocavi s’énerver intérieurement, elle ne l’aimait pas beaucoup le Jean-Sol Patre, comme l’avait baptisé humoristiquement Boris Vian, le créateur de la chanson manifeste « On n’est pas là pour se faire engueuler », elle attendait que Jean Paul ait fini son défilé devant l’objectif imaginaire de sa fondamentale liberté de ne croire qu’en lui.

 

Elle lui préférait Albert Camus… effectivement ni l’un, ni l’autre ne pouvait envisager d’être le guide philosophique de l’autre d’autant plus que l’un récusait à l’autre le droit de se considérer philosophe.

 

Dans un coin du café Jule Verne un monsieur coiffé d’un melon est cravaté de belle prestance regardait la scène amusée, je le voyais amusé trituré un morceau de sucre… il prit brusquement la parole et d’une voix posée il dit :

 

Mesdames, Messieurs, si je veux me préparer un verre d’eau sucrée, j’ai beau faire, je dois attendre que le sucre ponde… lapalissade direz-vous, non, que nenni je veux montrer, démontrer par là que pour obtenir de l’eau sucrée, il ne suffit pas d’additionner un concept d’eau et un autre concept de sucre. Il faut accepter de tenir compte du déploiement de la durée… autrement dit dans le cas présent la concept Sartre et celui de Camus se résoudra avec le temps c’est que la Vérité est possible… partout… dans tous les mondes suspendus à toutes les étoiles.

A qui ais-je l’honneur fis-je, fort opportunément pour permettre au lecteur de situer l’identité du Monsieur en question.

 

Henri Bergson me répondit : l’auteur de l’Évolution Créatrice

De sa petite cuillère il brassait son verre d’eau… brassant l’eau avec le sucre… brassant le concept en question.

 

Sur le rebord de la fenêtre, à l’extérieur du café, un chat souriait, un chat de Chester naturellement, il brassait l’espace de sa large queue.

 

Pour moi, enchaîna Bergson, le changement de la vie à lui-même une unité interne, il est mû par une force créatrice et a sa dynamique et sa cohérence propre…

 

Jean Pol Partre  désireux de ne pas être mis sur une voie de garage s’empressa d’exister en déclarant : Les valeurs sont le sens que l’on choisit de donner à sa vie, du reste l’existence précéder l’essence … mais les livres ont été mes oiseaux et mes nids, mes bêtes domestiques mon étable et ma campagne la bibliothèque, c’était le monde pris dans un miroir, elle en avait l’épaisseur infinie, la variété, l’imprévisibilité qu’importe d’ailleurs, monstre ou saint, du reste je m’en fous, je voulais être inhumain.

 

 

Le chat sur le rebord de fa fenêtre redressa brusquement sa petite frimousse, comme si les propos de l’orateur le concernaient, pensait-il que les hommes devraient apprendre à miauler devant un philosophe qui aboie ses principes, on ne le saura jamais, il se leva et s’éloigna dédaigneux semblant se dire … le chat est né libre et je sais que je ne sais rien.

 

Bergson désireux lui aussi de n’être pas écarté des cogitations se remit en selle en déclarant… Qu’y-a-t-il au fond de risible ? Un paysage pourra être beau, sublime, insignifiant ou laid, il ne sera jamais risible… il semble que le rire est besoin d’un écho…

 

Ouais, fit Jean Paul Sartre cher Monsieur, il est rare qu’un homme seul ait envie de rire. L’Existentialiste est un humanisme, c’est rigolo, n’est-ce pas ?

 

Le chat de sa patte tapa à la fenêtre, tout le monde se regardèrent et quittèrent la séance.

Les philosophes ont le sens de l’heure.

 

À suivre…

Claude Claverie et Denis Gardon

google-site-verification=yFFjd3cEZI4hwq4ISyb9lJeGNhLezX0OfNZ9nKB-E_s