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Analyse du 14 février 2023

Toujours quatre éléments dans notre soirée mensuelle :

  1. Le livre du mois lu pour vous, une petite approche littéraire d’un auteur du Monde.
  2. Un commentaire sur l’iconographie de l’article, qui par l’illustration visuelle fait déjà un autre travail de journalisme.
  3. L’analyse de l’article du mois et les dérives possibles que cet article peut engranger dans notre perception.
  4. Ensuite le relais de vos commentaires par / pour un échange.

Vous pouvez, bien sûr, entre chaque élément énoncé intervenir…

Donc, traditionnellement nous commençons par le livre du Mois tout d’abord pour nous émoustiller le raisonnement livresque.

Ce mois-ci, un auteur d’un pays inhabituel : Taïwan et une perception différente d’écriture.

Petit rappel historique

Chu T’ien-hsin est une écrivaine taïwanaise particulière, elle est chinoise présente sur cette île-pays qu’est Taïwan lors de la débâcle nationaliste de 1949 et de la scission entre Mao Tse Toung et Tchang Kaï-chek.

Taïwan est une île revendiquée par la Chine et surtout île-pays revendiquant son indépendance, c’est beaucoup pour exister ; superficie de l’île : 36.197km2, à titre de comparaison la Suisse a une superficie de 41.285km2.

Chu T’ien-hsin a la réputation d’être une personnalité forte pour les taiwanais, une sorte d’icône littéraire, dans cet ouvrage qui est un long monologue s’adressant à elle-même en utilisant donc la deuxième personne. C’est une quête difficile qui explore la conception plurielle de l’identité taïwanaise surtout avec la menace de la Chine sur l’île qui revendique le rattachement de l’île à la Chine continentale.

Petit résumé historique pour rafraîchir la mémoire

Cette île fut remarquée par les navigateurs portugais qui l’appelèrent Formoso ce qui veut dire Belle, devenue par la suite Formose, pour être ensuite colonisée par les Espagnols, puis les Hollandais, ceux-ci furent ensuite chassés par les Mandchous qui prennent le contrôle de l’île, pour être occupée ensuite par les japonais lors de la guerre sino-japonaise.

Après la défaite du Japon, lors de la dernière guerre, le Japon remet l’île à l’ONU que celle-ci cède ensuite à la Chine avec l’aval des États-Unis, ce qui permet à la Chine Populaire de justifier actuellement ses prérogatives de voisin.

Par la suite, et pour résumer très brièvement, la Chine s’entre déchire entre trois gouvernements en parallèle, il y a aussi la déchirure entre Mao et Tchang Kaï-chek, ce dernier trouve refuge sur l’île de Formose devenue Taïwan et proclame celle-ci République de Chine, Washington reconnaît Tchang et cette nouvelle appellation reniant la Chine communiste, dite République Populaire de Chine. Tchang de son vivant, président plus ou moins dictateur entretient le mythe de la reconquête de la Chine continentale sans y réussir.

Le fils de Tchang succède à son père et introduit la démocratie avec la notion de plusieurs partis.

Depuis, d’autres présidents se sont succédé.

Pékin considérant Taïwan comme une province d’outre-mer, Taïwan République de Chine est considéré comme un état libre refuge des nationalistes de 1949 ayant trouvé refuge dans l’île, elle est actuellement reconnue par 21 pays membres des Nations Unies, par exemple pour info : La Suisse ne reconnaît pas Taïwan mais a économiquement des liens très fructueux avec l’île de Taïwan, c’est la neutralité à la Suisse.

Bref résumé et approche du livre,

Ancienne capitale est une méditation sur l’enracinement, c’est une œuvre ancrée dans l’histoire de Taïwan, ce texte écrit en 1996 ressort maintenant, il a un style bien à lui.

Juste l’amorce du récit, le tout début du récit :

Tes souvenirs compteraient-ils pour rien ?

En ce temps-là le ciel était bien plus bleu, si bleu qu’il vous donnait la nostalgie de la mer toute proche, et faisaient paraître les nuages d’été encore plus blancs, comme des châteaux qu’on aurait édifiés avec de la neige.

 

Et la fin du livre.

... Près de l’autopont, le mur gris qui s’élevait de plus en plus haut comme un mur de prison, était propre, pas un seul graffiti dessus rien ! Quel est cet endroit ? Tu éclates en sanglots.

Une mer qui danse, une belle île, c’est ici que c’est accompli la destinée de nos ancêtres.

Entre 165 pages et ces deux phrases, il y a le rapport complexe de l’auteure-narratrice avec cette île liberté et prison à la fois que Chu T’ien-hsin défini par cette sentence :

Une terre sans maître, une île sans attache.

Je recommande la lecture de ce livre pour mieux connaître ce pays

Si vous désirez faire un commentaire autrement on passe à l’élément suivant.

 

Passons à l’article en question de ce mois.

De l’iconographie des deux illustrations de l’article deux œuvres de Gérald Laing qui sont deux préfaces à la lecture, ils disent visuellement ce que les mots soulignent.

Mais tout d’abord qui est Gérald Laing :

Celui-ci (1936-2011) a été l’un des artistes anglais les plus importants du mouvement pop américain côtoyant et exposant avec des artistes comme Andy Warhol, Roy Lichenstein ou Robert Indiana.

Ancien sculpteur (30 ans de pratique) Laing a repris la peinture dans le style journalistique pour créer des œuvres témoignages critiques sur les guerres contemporaines ou oscillant à témoigner par des portraits de personnages contemporains comme Amy Winnehouse ou Brigitte Bardot.

Ici, deux œuvres, une signée de 2005 et titrée de cette phrase-métaphore …. Ils ont fait un désert et ils appellent ça démocratie, phrase détournée de Tacite qui originellement était : Ils ont fait un désert et ils disent qu’ils ont donné la paix.

Paix ici remplacée par Démocratie qui s’est bien connu apporte la paix, l’exemple criant de la guerre-mensonge du Golfe. 

L’œuvre montre l’incendie des puits de pétrole de la guerre du Golfe, pudiquement appelée ainsi mais en réalité guerre des puits de pétrole du Koweit visé par Saddam Hussein, une sorte de guerre de libération en somme… et de la fumée se dégage en pointillisme une sorte de Saddam Hussein qui part en fumée… à moins que sorti de ces flammes un Superman qui flotte sa protection… cela dépend de votre perception.

La deuxième œuvre datée de 2004 au titre plus ambiguë : Mince alors !

À une lecture et d’autre résonance qui montre une image que les médias ont véhiculés montrant un homme seul sur un tapis, du Poutine avant la lettre, ici l’homme seul est montré en contre plongée sur un tapis avec au loin un œil d’allure maçonnique, un discours laconique et une image ionique avec un homme sur tapis rouge propulsif accéléré par son champ électrique ; le pouvoir Mince alors !!

Oui, alors Mince alors, le pouvoir remis dans les mains d’un seul homme, ce n’est plus la Démocratie ou alors le pouvoir d’un homme représenté sur un tapis rouge avec au loin l’œil d’un autre pouvoir, l’œil de Moscou ou un œil d’allure mafia-conique, est-ce de la Démocratie ?

Si vous désirez faire un commentaire sur l’approche iconographique de cet article – autrement on passe à l’élément suivant. 

Puis enfin l’analyse de l’article soumis à notre réflexion et la lecture que j’en fais et la dérive que cet article va nous permettre.

Les Noces de la Guerre et de la Vertu, voici quelques réflexions pour nourrir votre analyse.

Presque un titre hollywoodien, un titre ronflant et qui sent bon la liberté vendue américaine, un titre à l’Hemingway – sensiblerie.

Non c’est aussi en sous-titre une autre lecture :

Le camouflage de l’impérialisme occidental et là, le texte dit effectivement autre chose, les mots sourient et disent la Vérité, comme dit la chanson de Guy Béart, le Philosophe de la Chanson

Le Premier qui dit la Vérité, il doit être exécuté

Le bref résumé mit en exergue dit en filigrane tout le sens de l’article, de Christopher Mott. Il est écrit, je cite :

Les grandes puissances habillent souvent leurs ambitions stratégiques de considérations vertueuses à portée universelle : le droit des peuples, la défense de la liberté, la civilisation. Ces derniers temps, les valeurs de la fauche sont volontiers mobilisées au service des objectifs stratégiques de l’Occident. (fin de citation)

En effet, rien de plus vrai et si on veut être objectif un article conforme à une bonne perception de la situation actuelle.

En remontant dans le temps – disons la Guerre du Golfe – alors l’administration de Bush le Junior élargissait la mission confiée à l’US Army, celle de traquer Al-Quaida et de se saisir de Ben Laden, à une autre guerre celle de mener à bien la guerre contre la terreur, c’est à dire de pacifier la région de l’Irak et surtout empêcher que Saddam Hussein fasse main basse sur le pétrole koweïtien, le tout couvert de louables motifs humanitaires et de mensonges d’armes imaginaires que Saddam Hussein aurait eu en sa possession.

Un intertitre de l’article de Christopher Mott est significatif et pudiquement abrité par la beauté et le concision de la susdite phrase… Universalité, l’expérience américaine et en déduire une position moraliste absolue si chère aux Américains.

L’autre intertitre qui conclut l’article se veut être un Avertissement aux progressisteset presque avec un humour cruel mettre en exergue le fardeau de l’homme blanc devant apporter la mission civilisatrice qui lui incombe et c’est ainsi que l’impérialiste libéral a fait son expansion du droit moral.

Entre ses deux articles l’auteur du texte développe les noces de la guerre et de la vertu.

C’est à dire, la présence sur les points chauds du globe, et les expéditions armées bien entendu de bonne intention pour la promotion de la Démocratie façon américaines comprenant bien entendu certains combats liés si possible à une justice sociale de bon aloi, l’impérialisme libéral fait toujours bonne digestion de son intérêt stratégique et géographique sous une apparence progressiste, il y a des nations qui n’ont pas la chance d’être messianiques.

Petit rappel historique

Dès le début des années contemporaines, après la première tentative de remodelage de l’Ordre Mondial avec la création de la SDN (Société des Nations Unies) où les Américains n’étaient point présents il y a eu ensuite l’O.N.U. — Organisation des Nations Unies où les Américains présents dictent leur loi économique en ne payant pas leurs cotisations à l’effort onusien, autrement dit un soutien indirect à eux-mêmes,

Avant c’était une Société regroupant des Nations Unies, maintenant c’est une Organisation des Nations Unies

Côté SDN c’était une société – Côté ONU c’est une Organisation au lecteur de saisir la nuance.

Pour mémoire la SDN fut dissoute en avril 1939 à la suite de l’agression soviétique contre la Finlande et à l’exclusion de l’Union Soviétique.

Rien de semblable en 2021-22.

Il n’y a pas d’agression.

L’histoire ici ne se répète que parcellement, la Russie n’est pas exclue de l’ONU bien que son action soit contraire aux principes de la Charte des Nations – Unies mais tout le monde le sait, voyons Moscou n’a pas envahi l’Ukraine, elle est venue protéger ses amis frères contre les néo-nazis.

Puis important, quoi qu’il en soit côté SDN, il n’y avait pas de veto à l’époque, à l’ONU le vote se transforme lui en veto, une anagramme particulière de poésie démocratique.

Pour terminer une petite parenthèse qui n’a rien à voir avec l’article, quoique les choses de la vertu se glissent n’importe où, il est dit dans cet article que la SDN création suggérée du Président Woodrow Wilson, (28ème président des Etats-Unis) création louable mais où l’Amérique n’adhéra jamais, cette création value à celui-ci le Prix Nobel de la Paix.

C’est l’appellation à Genève du quai Wilson qui philosophiquement pose problème aux thuriféraires qui veulent débaptiser les rues qui seraient d’une moralité un peu vacillante, le quai Wilson qui est attribué en hommage au Président des Etats-Unis, Woodrow Wilson qui propagea en son temps les belles valeurs politiques de l’Amérique, qui fut en son temps comme déjà dit Prix Nobel de la Paix donna aussi soutien en vrai Démocrate à la ségrégation raciale, ceci n’est point répréhensible n’est-ce pas, philosophiquement est-ce tenable , est ce vertu même de s’y promener ?

Rappelons aussi pour mémoire que l’Hôtel Président pudiquement s’appelle ainsi simplement pour le simple pékin comme tel, le nom de Wilson étant pudiquement mis en retrait, il faut ce qu’il faut, n’est-ce pas.

C’était juste une parenthèse.

Pour terminer des Considérations Morales

Il est dit également dans cet article… que la Démocratie a fait évoluer l’anti – esclavagisme – oui, ce n’est pas faux – mais que cette évolution n’est pas due à des questions morales mais à l’industrialisation de la Grande Bretagne sous l’ère Victorienne, grande pourvoyeuse au 17ème et 18éme siècle d’esclaves. Il y eut alors le moyen noble de pureté retrouvée en redéfinissant la cause morale : la mission salvatrice du fardeau de l’homme blanc de civilisation. Bien sûr il y a l’ironie dans cette phrase.

Autrement dit, la Démocratie est-elle née de l’industrialisation, on serait enclin à la définir comme telle.

L’expansionniste américano-anglosaxon étant parfaitement capable d’assimiler toute notion morale et de la mettre au service de ses objectifs.

L’impérialisme américain se mettant à fonctionner selon la même logique que la Grande Bretagne mais un peu plus tardivement à être industrialisé, mais se rattrapant avec d’autres moyens.

Plus de dialogue = On a créé Facebook

Plus de liberté de langage = On a créé les Réseaux Asociaux avec quand même des choses attrapes nigauds moyennables et surtout rendant dépendants : en quelque sorte du Coca-Cola informatique.

Bon, je me tais à vous la parole que vous inspire ces noces de Guerre et de Vertu ?

Que vous inspire mon raisonnement ? Et ma dérive… Vous êtes libres d’y adhérer ou pas…

Difficultés de faire une synthèse beaucoup de point de vues, un café diplo-philo un peu houleux, vivant.

Le sujet pris dérive vers une parole libre d’excès.

Quatre clans , quatre systèmes de pensées ont agités cette soirée…les partisans d’une Ukraine bafouée par Poutine d’une Russie rêvant d’une toute puissance retrouvée d’un côté, de l’autre côté une perception autre un doigt accusateur sur les Américains qui manipulent le gouvernement Ukrainien, dans le but de faire tomber l’Europe, une partisane convaincue de l’honnêteté des Nations Unies prônant une cohabitation évolutive des peuples pour faire avancer les choses , est-elle naïve et un autre partisan qui dénonce la vision manichéenne de voir partout les théories du complot.

Qui a raison ? … Qui a tort ?

Des participants ayant des convictions… des fidèles, des curieux venus de Berne.

L’Ukraine est-il un pays ? Le président est-il une marionnette aux mains des Américains ? Un héros pitoyable ? Des questions… sans réponse, des réponses qui demandent des questions… la transparence n’existe pas…

Les États-Unis soucieux du leadership qu’ils se sont octroyés comme droit et devoir par devant leur histoire et dépositaire de l’histoire de l’humanité dont ils sont garants par volonté divine, par devant la défense des droits de l’homme, vision dénoncée par d’autres c’est naïveté de croire que les États-Unis d’Amérique sont auréolés de belle coloration humaine, ils ne pensent qu’à eux.

On a évoqué aussi le départ de Soltenberg à la tête de l’Otan, le Norvégien secrétaire général de l’Alliance Atlantique qui ne souhaite pas prolonger son mandat (ancien premier ministre norvégien en fonction depuis 2014) et surtout l’appétit des pays de l’Est, qui verraient bien qu’un des représentants des côtes de la Baltique ou de la Mer Noire soient en première ligne pour faire face à une Russie agressive.

Les candidatures lituanienne ou estonienne (deux anciennes première ministre de leur pays respectif) comptent de nombreux soutiens sans faire consensus surtout face à la Russie qui y verrait comme une sorte de provocation.

On y verra mieux au sommet de l’Otan les 11 et 12 Juillet à Vilnius en Lithuanie.

Dans tous les cas un sujet épidermique à géométrie très variable, la vertu économique des armes n’a pas apaisé l’assemblée.

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